Par
environnement en géographie, on doit entendre le milieu aménagé par les
sociétés. Il s'agit donc d'envisager comment la société utilise le milieu,
"l'épiderme de la terre", et quelle place revient à celui-ci dans le
choix des aménagements et leur gestion.
La
géographie désormais bien ancrée dans les sciences sociales place au cœur de
son discours la société, qui s'inscrit dans le géosystème composé de
l'atmosphère, la lithosphère, l'hydrosphère et la biosphère. Ces éléments qui
ne sont pas neutres, interviennent à des degrés divers sur les choix
d'aménagement et d'organisation de l'espace que les sociétés
effectuent.
La planète habitée - Le temps des sociétés
Les sociétés ont depuis fort longtemps
participé à la dynamique des milieux physiques. Les hommes du Paléolithique
ont faiblement contribué à la transformation du milieu en raison de
la faible pression qu'ils exerçaient sur celui-ci. Le Néolithique marqué
par l'invention de l'agriculture, la domestication des
animaux, l'importance de la poterie qui permet d'effectuer des réserves, marque
un changement radical dans les relations nature/sociétés. Désormais la
sélection des espèces végétales, la déforestation participent à des
modifications importantes qui affectent les couverts végétaux et se traduisent
sur les sols.
L'impact des
sociétés sur la nature n'est pas linéaire, se succédent des périodes où la
pression est forte et d'autres où elle se relâche. Ainsi la période
gallo-romaine au moins dans le sud de la France se caractérise par d'importants
défrichements, une transformation considérable des paysages végétaux, en
revanche au début du Moyen Age, la forêt regagne du terrain et les
espaces mis en culture reculent.
Plus récemment, une forte pression démographique
s'est exercée dans les montagnes françaises, ainsi au XVIII, XIXe siècles se
sont multipliées les preuves d'une aggravation de l'érosion des sols sur les
pentes, d'une augmentation de la torrentialité.
Au XXe siècle la pression des sociétés sur le milieu tient
principalement, dans les pays riches, aux effets de l'urbanisation et de
l'industrialisation. Les pollutions et les risques technologiques deviennent
des réalités majeures.
Ce rapide
constat montre qu'alternent des temps d'assoupissement dans l'action
des sociétés sur la nature et des temps de forte pression et d'importantes
modifications selon des modalités variables avec le type de société. Ces
différents aspects des interactions société/nature varient aussi selon le lieu
considéré, ainsi dans les pays pauvres l'impact de l'agriculture, le rôle de la
déforestation demeurent fort à la différence de ce qui se passe aujourd'hui en
Europe marquée par un reboisement considérable (la forêt française est passée
de 7 millions d'hectares en 1789 à 16 millions aujourd'hui).
Les composantes du géosytème
La nature recouvre plusieurs éléments qui interagissent les
uns avec les autres : l'atmosphère, la lithosphère, la biosphère et
l'hydrosphère.
La lithospère regroupe le relief, les types de roches et les
sols quand ils existent sur le substrat rocheux. L'évolution de la lithosphère
s'effectue à l'échelle géologique, il faut des dizaines de millions
d'années pour que se mettent en place les grands volumes qui constituent
l'ossature des paysages. Les formes et les modelés se développent sous l'effet
des processus d'érosion, à des échelles moins longues mais qui dans bien des
cas impliquent des milliers d'années ou davantage (pour modeler une vallée,
construire des terrasses..).
Les sols, pellicules provenant à la fois de l'attaque des
roches sous jacentes (altération physico-chimique) et des apports des éléments
végétaux (litière, et humus), se forment selon des rythmes millénaires ou au
mieux centennaux.
Certains éléments de la lithosphère peuvent être envisagés
en terme de ressources pour les sociétés, c'est le cas des
sols, des ressources minières et des énergies fossiles.
L'hydrosphère est un élément fondamental de la vie sur la
terre. L'eau est une ressource renouvelable. Il est nécessaire de
comprendre et de connaître les composantes du cycle de l'eau, l'inégale
répartition de celle-ci en fonction des données climatiques, et l'importance
des ressources souterraines (nappes).
Les cours d'eau
ou les lacs ont contribué à fixer l'habitat en raison de l'existence
de la ressource (usages domestiques), de la pêche, du rôle défensif des cours
d'eau et des lacs (habitat sur pilotis ou dans des îles). L'eau a servi aussi
pour des usages artisanaux : moulins, pour la navigation, la production
d'énergie… L'eau a été utilisée très anciennement pour l'irrigation
et cet usage ne cesse de s'accroître, l'eau peut aussi avoir des
usages touristiques et industriels. Elément important d'organisation de l'espace, elle est
aussi un élément paysager.
On remarquera que l'eau ressource
renouvelable, ne l'est pas totalement, des nappes fossiles existent dont
l'usage pose de véritables problèmes en terme de développement durable. Faut-il
les exploiter à grande échelle pour favoriser le développement de certaines
régions du globe ou faut-il gérer ce stock en
envisageant sa conservation partielle pour les générations futures.
Traiter de l'eau conduit aussi à des analyses
géopolitiques, à envisager des besoins, des acteurs, voire des conflits à
différentes échelles (Turquie, Syrie, Irak.. alimentation de la ville de
Barcelone..).
L'atmosphère est une "ressource " pour les populations.
L'air est nécessaire à la vie, sa qualité est donc un élément important.
Connaître les bases du découpage
climatique zonal et les caractères des climats envisagés à différentes échelles
jusqu'aux climats locaux est indispensable. Les
activités humaines contribuent à modifier le climat de la ville, plus la ville
est grande et plus l'îlot de chaleur urbain est considérable. A l'échelle
planétaire, la question se pose du changement climatique global en relation
avec l'augmentation de l'effet de serre d'origine anthropique.
Les climats ont
enregistré au fil du temps, des modifications considérables:
fluctuations majeures au sein des ères géologiques (climat chaud plus ou moins
humide dans les régions qui composent l'Europe au Tertiaire), puis de durée
moindre (quelques dizaines de milliers d'années à 100 000 ans), ainsi au cours
du Quaternaire ont alterné des épisodes froids et d'autres plus tempérés.
D'autres modifications ont une durée qui ne dépasse guère le millénaire, c'est
le cas à l'Holocène. Des oscillations plus courtes encore existent,
d'importance centennale ou pluri-centennales, le Petit Age glaciaire
(PAG) en témoigne, qui s'est caractérisé par l'avancée des glaciers montagnards
entre le XVe siècle et la fin du XIXe. Nous sommes aujourd'hui dans un épisode
de réchauffement d'ampleur et de durée indéfinissables. Est-il accentué par les
rejets de gaz à effet de serre? Que penser des modèles proposés
qui établissent l'ampleur du réchauffement à prévoir dans
les dizaines d'années à venir, c'est à dire à très court
terme, accompagné de scénarios catastrophes associés (montée du niveau
marin..).
De plus en plus de chercheurs
réenvisagent avec du recul les modèles proposés, qui suggèrent des situations
elles-mêmes fonctions des informations choisies afin d'établir ces modèles.
S'il est impossible de considérer comme acquis ce qui relève de
suppositions, il est certainement nécessaire de mettre
en œuvre le principe de précaution pour limiter les rejets de gaz à
effet de serre.
Dans ce domaine, comme dans la plupart de ceux qui touchent
à l'environnement, les arrières pensées économiques et idéologiques ne sont
jamais très éloignées!
La biosphère comprend la forêt, les savanes, les prairies, la
toundra (et les animaux associés) et les agrosystèmes, c'est une ressource
fondamentale pour l'humanité. Il est nécessaire de bien définir les
grands biomes, d'être capable de les localiser par rapport notamment
aux espaces de peuplement. Les formations
végétales présentes sur les continents ont beaucoup évolué au fil du
temps et cela de manière "naturelle"dans un passé très reculé. Ainsi,
entre la forêt qui occupait l'Europe au Tertiaire et la forêt qui a repoussé
après les grands froids quaternaires, il y a peu de ressemblances, les espèces
végétales de milieu chaud ont disparu, éliminées par le changement climatique
qui a marqué le passage Tertiaire/Quaternaire. Les changements, les adaptations
aux modifications climatiques se sont effectués tout au long des temps
géologiques, y compris au cours de l'Holocène marqué par des fluctuations
relativement courtes (de l'ordre du millénaire).
Cela signifie que
même en faisant abstraction des actions anthropiques, il
n'existe pas de "temps zéro" de la forêt ou des autres
formations végétales. Si tel était le cas, faudrait-il le placer à la fin du
Tertiaire, au Quaternaire, au début de l'Holocène, avant Jésus Christ?
Les sociétés ont agi sur les couverts végétaux,
elles ont défriché, substitué des formations végétales à d'autres, modifié par
une sélection déjà fort
ancienne les types de
végétaux et les associations végétales. On ne peut leur imputer que des effets
négatifs, ainsi en l'absence d'intervention humaine les zones
humides se boisent, se ferment et voient leur biodiversité diminuer..
Le couvert végétal, notamment quand il
est formé, autrement dit quand il couvre totalement le sol, constitue un écran
important pour les sols, limite l'action des gouttes de pluie, et réduit
l'érosion mécanique, notamment le ruissellement. La disparition des couvertures
végétales favorise celle-ci comme en témoigne les travaux effectués en Afrique
tropicale ou en Amérique tropicale, des résultats du même type concernent
aussi les régions du bassin parisien et plus généralement d'autres
secteurs de grande culture en Europe .
Les rapports nature/société. la problématique des
risques
Les données physiques
du géosystème agissent sur les sociétés au titre des aléas et des risques. La
notion de risque devenue à la mode aujourd'hui est d'abord une approche sociale
que l'on peut envisager comme résultant de l'action de processus physiques, des
aléas, sur un groupe social vulnérable.
Les aléas et les risques peuvent être d'origine
lithosphérique: les mouvements de terrain; les volcans, les séismes en sont les
expressions les plus marquantes. Ils peuvent être atmosphériques, cyclones, tempêtes,
sécheresse, pluies très violentes, coups de froid, fortes chutes de neige.
Il existe aussi des risques liés à l'eau: inondations en
particulier et avalanches.
Les processus de forte intensité à l'origine de l'aléa et
du risque n'ont rien "d'anormal" dans le fonctionnement du
géosystème. Ils sont "normaux" y compris quand ils sont de forte
intensité, ils ne deviennent risque et catastrophe que parce que la société les
perçoit ainsi.
Le climat défini par des moyennes de
précipitations, de températures, de force des vents présente normalement des
écarts aux moyennes qui sont précisément sources de
risque. Les aménagements, la gestion des milieux, la facture énergétique
sont fondés sur des températures et des hauteurs de précipitations
définies statistiquement ; si l'hiver est plus froid ou plus neigeux que
"la norme", l'écart peut être perçu en terme de risque par les
populations, mais cela ne signifie pas que le climat change. Il s'agit
seulement d'écarts certes plus ou moins marqués et à ce titre plus ou moins
rares, qui appartiennent aux fonctionnements ordinaires de la planète.
Les aléas sont inégalement répartis à
la surface des continents, certains secteurs, très peuplés, sont soumis à des
aléas multiples, c'est le cas du Japon. D'autres subissent des aléas et des
risques plus modérés, l'Europe dépourvue au moins dans sa partie autre que
méditerranéenne de grands aléas sismiques, loin d'un volcanisme actif et sans
cyclones, fait partie de ces espaces relativement épargnés bien qu'elle
enregistre des tempêtes littorales et des pluies suffisantes
pour provoquer des inondations.
Il existe une inégalité évidente face aux aléas et aux
risques. Les risques, révélateurs des inégalités sociales, affectent
plus les pauvres que les riches qui savent mieux se préparer à la catastrophe
possible. L'existence d'un Etat efficace, bien relayé au sein des régions est
un facteur de meilleure prise en compte du risque, d'une prévention et d'une
éducation des populations mieux réalisées.
Les risques sont
particulièrement difficiles à intégrer aux politiques
urbaines dans les espaces déjà bâtis, ainsi dans les pays en développement, les
villes qui se sont fortement développées au cours des dernières décennies,
présentent de vastes quartiers soumis aux risques. Les villes des pays
développés ne sont pas davantage épargnées, lorsque la croissance
urbaine du XXe siècle s'est effectuée dans les lits majeurs des cours d'eau..
L'approche
environnementale que nous venons d'ébaucher peut se lire à différentes échelles
spatiales et temporelles. Les relations à la nature ont varié au fils des
temps, la dépendance des sociétés à la nature était plus grande dans
les siècles passés, au cours desquels les activités artisanales et l'urbanisation
se traduisaient déjà localement par une forte dégradation du milieu.
Des maladies récurrentes caractérisaient les villes en été (choléra,
dysenteries à Marseille, Annonay, Paris ..).
Les relations des sociétés à la
nature varient selon les sociétés, leur développement économique, technique,
leur culture.. Certains groupes sociaux habitent et aménagent la
montagne quand d'autres la fuient, sans que les facteurs physiques
justifient ces montagnes vides et ces montagnes peuplées. Quoi qu'il
en soit, les usagers de la montagne doivent tenir compte de l'étagement
bioclimatique, de l'instabilité des pentes. Le tourisme
d'hiver s'adapte aux possibilités d'enneigement bien que la neige
artificielle parvienne à pallier pour partie la défaillance climatique.
L'étude de l'environnement peut s'effectuer par le mode d'entrée
que je viens de présenter mais on conçoit aisément qu'elle puisse se faire par
d'autres entrées
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